Et on se parle aussi. Je parle avec Romulo, étudiant de Manaus, le seul lecteur parmi les passagers, et aussi avec Gonçalo, un indien délégué par sa communauté, les Satéré Mawé pour la représenter à Londres dans une réunion de commerce équitable-ils produisent surtout du guarana, dont leur territoire serait le berceau. Il n'a que des vêtements légers, nous sommes en janvier, et il va à Londres ! Je me lie aussi avec Manolo, un cuisinier péruvien au physique d'inca, qui bourlingue depuis des années en Amazonie et qui une fois à Manaus me fait un succulent « ceviche » avec des poissons du fleuve. Je parle aussi avec bien d'autres et beaucoup avec des enfants. Ils veulent connaître des mots français et nous passons des heures à dessiner la carte du monde, à échanger nos mots. Déjà les brésiliens se parlent facilement entre eux, mais dans cet univers où le temps s'étire, la parole en fait autant. Ceux là, c'est Nathan et Erica.