• A Managua, j'accompagne Pedro, responsable syndical des travailleurs du textile (trabajadores de la Maquila) à un rassemblement devant le Ministère de l'Emploi. Le droit du travail existe, mais il est constamment et gravement violé.

    Il y a surtout des ouvrières : distributions de tracts, taggage du Ministère, interpellation des responsables qui passent, envoi d'innombrables pétards. Ce sont des sacs de poudre avec une mèche, qu'ils allument dans de gros tubes métalliques portés comme des armes : explosions et fumée spectaculaires. Cela dure la matinée, et aucune police en vue.

    Un marchand des rues vend à manger, mais personne n'achète, c'est manifestement au dessus de leurs moyens. Un enfant en haillons récupère les restes des sacs de poudre. Je parle longtemps avec ces femmes qui me fascinent. (sur leur dos, le sigle du syndicat et de l'organisation des femmes)


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  • Je vous raconte Gretchel. Droite, rieuse, courageuse. Elle a 5 " bébés ", l'aîné a 5 ans, les derniers sont des jumeaux. Son mari est parti " ils sont bons pour faire les bébés, mais après... ". C'est vrai: au Nicaragua, les femmes dans son cas sont innombrables. Elle vit avec sa mère. Elle a été licenciée il y a près de 2 ans et se bat pour sa réintégration. En attendant, elle travaille 2 fois par jour auprès d'un conducteur de bus, pour 2 dollars par jour. Elle ne veut pas aller tenter sa chance à Panama, où vit son père, pour ne pas laisser " ses bébés ".

    Elle se bat, avec un sourire " je gagnerai ". Et sur son T-shirt: " Ma dignité est plus importante que mes nécessités ", avec au dessous une main ouverte, dont l'index saigne, percé par une aiguille.

    Bon, la photo n'est pas bonne, en réalité Gretchel est magnifique!


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  • Quand je suis arrivée à Managua, au Nicaragua, le soir, quartier glauque du terminal de bus. L'auberge du guide était pleine, j'ai atterri dans un petit hostal: patronne sale et lamentable, chambre construite dans la cuisine avec des parois de carton, qui faisaient à peine le tour d'un lit étroit. Un cadenas accroché à rien. Pas de drap... enfin super, mais j'avais payé (cher pour ça) avant de voir, c'était tard, mon sac était lourd...
     
    Le lendemain, j'ai changé, dans le même quartier, pour une auberge très simple, mais sympa et avec un grand hall aéré où les gens se retrouvaient, tranquille et agréable.
     
    Une chambre seule, claire, avec douche à l'intérieur! Le luxe, même si l'évacuation de la douche était un trou dans le carrelage, qui devait conduire quelque part derrière la maison.
     
    Donc je m'installe. J'entends les râles prolongés d'un homme dans la maison d'à coté, en train d'agoniser ou d'avoir un orgasme. Vu la durée, j'opte pour l'agonie. Finalement, ce ne sera pas ça non plus, parce qu'il recommence chaque soir á la même heure...
     
    Mon râleur se tait, et j'ai l'impression d'une présence dans la chambre, ténue mais bien réelle. Je cherche.
    Dans la douche, une grosse tache noire, que je n'avais pas vue avant, sur le trou d'évacuation: une colonie de très grosses fourmis noires en train de construire à toute vitesse une fourmillière en extrayant des matériaux du conduit de la douche. Impressionant.
     
    Les jours qui ont suivi ont été une lutte quotidienne entre moi et les fourmis pénélopes. Deux fois par jour je les faisais disparaître à grande eau avec leur ouvrage dans le trou de la douche, et je retrouvais la construction en cours à mon retour. Ca ne me dérangeait pas; finalement c'était comme une connivence entre nous.
     
    Elles devaient savoir quelque part que je ne resterais pas, sinon pourquoi auraient elles continué? Elle vous plait, mon histoire? N'ayez pas peur, sur la photo, ce n'est qu'une araignée postiche, dans la vitrine d'un bijoutier de Mexico, pour le jour des morts!

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