• Au Forum social mondial de Mumbaï, j'avais rencontré Thomas Isaac, député du Kerala qui travaille sur la participation des habitants aux décisions, et qui fait partie de notre réseau international sur ce thème (Démocratiser Radicalement la Démocratie). Nous n'avons pas l'occasion de le voir souvent, et j'ai accepté son invitation à venir passer quelques jours au Kerala après Mumbaï. Il est député d'une circonscription de 35 000 habitants, Mararikulam, composée de 17 villages.

    Il avait tout fait pour que je puisse rencontrer directement beaucoup de gens sur le terrain pour me faire ma propre idée. Une découverte merveilleuse pour moi. Allez au Kerala, et vous verrez un régime communiste qui a impulsé la démocratie comme moteur du développement. Ca fait quand même plaisir !!


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  • Après Mumbaï, un vent de fraîcheur ! Dans cette région pauvre du sud de l'Inde : 31 millions d'habitants, 70% au dessous du seuil de la pauvreté. Le parti communiste a accédé au pouvoir en 1957 ; il y est resté jusqu'en 1991. Il a perdu cet état suite à une crise économique. Depuis, une alternance communiste-droite tous les 5 ans ! Aux élections de 2004, c'est à nouveau le Parti communiste qui a repris les rennes de l'Etat.

    Le résultat est tout de même des acquis sociaux incroyables en Inde : alphabétisation quasiment à 100%, y compris des femmes, 12% de mortalité infantile -pas plus importante qu'à New-York-, faible taux de natalité, à 17/1000. 80% des couples pratiquent le planning familial. Tous ces indicateurs n'ont rien à voir avec ceux du reste de l'Inde. Et pourtant cette région pauvre a été frappée de plein fouet par la mondialisation.

    Les ressources de base: la pêche et les cocotiers: ici, des bateaux de pêche à Kochi.


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  • Au retour au pouvoir en 1996, les communistes se sont engagés, dans cette région essentiellement rurale, dans une expérience étendue de démocratie directe pour faire progresser la société et faire face aux difficultés économiques. C'est le « People's Plan », le Plan du Peuple.

    Ils ont donné aux assemblées de village le pouvoir de définir ce qui serait réalisé comme projets dans l'année ou les années suivantes. Après études techniques, les moyens modestes de la commune (un budget de 10 000 000 de roupies par an), avec l'aide du district, y sont consacrés. 95% des projets sont aussi acceptés par l'Etat qui contribue au financement.
    Et chez eux, dans un village de 1200 familles, ce sont 800 personnes qui participent aux assemblées ! Quand ils ont inauguré la mairie de la circonscription de Mararikulam, il y a eu 25 000 personnes (sur 35 000 habitants). Quand la droite a repris le pouvoir au Kerala elle a préféré ne pas toucher à ce système qui permet une relative autogestion des villages. Et chaque fois que le parti communiste revient au pouvoir - puisqu'il y a de fait, depuis 1991, une alternance tous les 5 ans - il conforte encore la démarche.


    Donc j'ai pu aller voir ce que tout cela donnait sur le terrain : les résultats sont spectaculaires, avec des gens merveilleux, une grande vivacité de la démocratie. J'ai envie de vous en donner quelques aperçus.

    Sur la photo, les enfants d' une école maternelle décidée par ces assemblées. Je vous en parlerai plus loin.


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  • Quelques conseillers municipaux, un petit bâtiment très simple, à la fois salle de réunion, bibliothèque, mairie. J'essaye de comprendre comment ils fonctionnent. Il y a des assemblées de village, 4 fois par an, les « gramsahba ». C'est pratiqué dans un millier de villages.

    Aux élections locales, ce ne sont pas les partis qui se présentent, mais des individus. Ici, tous les conseillers sont communistes, tous viennent de familles au dessous du seuil de pauvreté. Ils me disent que c'est comme ça, parce qu'ils ont la confiance des habitants. Ils sont 6 permanents, sur 14 membres élus, dont 7 femmes (bien plus que la loi qui fixe la part des femmes à 33,3%). Si j'ai bien compris, c'est un système très décentralisé. La terre est au village. Les élus sont responsables de l'eau, de l'éducation. Ils se considèrent comme des facilitateurs.

    Sur la photo, nous visitons le chantier d'un centre social du village. A droite, Thomas avec le pagne blanc traditionnel des hommes au Kerala. 


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  • Très fiers, les conseillers me montrent une savonnette : ils ont impulsé la création d'une micro entreprise de savon fait avec l'huile de coco ; elle emploie quelques femmes à temps partiel. Pour la lancer, les élus, des militants, des bénévoles ont fait du porte à porte auprès des 1200 foyers du village : « achetez ce savon, il est excellent et pur, il utilise des produits locaux, il fait de l'emploi local, pourquoi iriez vous acheter celui des multinationales ? ».

    TOUTES les familles ont acheté du savon. Aujourd'hui, ça continue, le problème est plutôt que la production n'est pas suffisante.... Il ne faut pas s'étonner que 92% des électeurs aillent voter (la moyenne en Inde est de 70%). Même dans les grandes villes du Kerala, comme Kochi, la participation est très forte.


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