• Alliance université-patrons!

    A Santa Cruz, je vais me balader (a l'ombre, 33 degrés) et je tombe sur la place centrale sur un meeting organisé par le recteur de l'université autonome, en grève de la faim avec toutes les autorités de l'université, contre la hausse des prix de l'essence et du diesel. 400 personnes, pas mal d'universitaires, des gens sur la place qui s'agglutinent. Une tente, des chaises d'université a tablettes.

    Une ambiguïté plus qu'évidente: interventions successives contre les multinationales du pétrole, pour l'unité de la Bolivie, contre le président Mesa qui est "le meilleur allié des multinationales", mais en même temps unité d'action avec l'oligarchie des entreprises de Santa Cruz, carrément à droite, et qui ne demandent qu'une chose, l'autonomie du département qui concentre à lui seul une bonne partie des ressources pétrolières du pays. Les discours des universitaires va dans le même sens, mais au nom de la nécessaire décentralisation face aux milliers de fonctionnaires qui régentent tout depuis La Paz.

    Intervention d'un dirigeant étudiant (trotskiste, et contre Mesa lui aussi): " attention, on risque de faire le jeu des entreprises qui elles pratiquent des bas salaires et ont des intentions politiques. Le recteur devrait consulter les étudiants pour parler au nom de l'université ". Le recteur, furieux, dit on n'a qu'à voter, " si vous voulez que votre recteur arrête sa grève de la faim... je la fais avec le conseil... " mais finalement ils ne répondent pas à l'étudiant.

    Un autre professeur: "il n'y a pas à consulter, il faut agir, on ne va pas tout le temps payer pour le reste du pays..." (au moins c'est clair!). "C'est bien joli, ils ont gagné à El Alto, mais les 60 millions de dollars de dédommagement à l'entreprise française, qui va les payer, c'est nous."

    Sur ce, arrive en fanfare une petite manifestation, drapeau rouge et drapeau vert et blanc en tête. Ce sont les entrepreneurs, et toutes les radios et télés se précipitent pour saisir l'embrassade historique entre le recteur et les entrepreneurs. Derrière le recteur, une effigie de Mesa que ceux-ci ont traîné par terre avec une corde.

    Discours de Franco, dirigeant des entrepreneurs de la viande, se félicitant de l'unité d'action des patrons et de l'université. Ce même dirigeant avec ses petits camarades, a augmenté le prix de la viande l'année dernière.

    Je demande a mon voisin si le recteur est de droite, il répond que non mais qu'il n'a jamais voulu se situer... Bon, maintenant c'est fait !

    Pendant ce temps, sous les arcades de l'autre coté de la place, indifférents, une vingtaine de grévistes de la faim. Si la revendication (générale) que la loi sur les hydrocarbures soit adoptée est bien présente, il y a pêle mêle des employés communaux, des sans emploi, des universitaires, avec des revendications diverses.

    Je ne verrai pas la suite, je pars en Uruguay demain. Pour l'instant ils bloquent l'entrée principale de l'aéroport, mais le microbus passe par des chemins aussi poudreux que détournés. On verra bien.


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