• La Minga indigena approche de Bogota.  Minga veut dire « travail collectif ». 15 000 personnes, peut-être plus, sur les routes de Colombie depuis 2 mois. Des familles entières, femmes, enfants, beaucoup de jeunes. Presque tous avec le bâton symbolique, à la fois pour la lutte et la marche... Ils marchent pour la terre, leurs droits territoriaux ancestraux attaqués et les ressources naturelles pillés, pour leur culture niée, pour la vie qui leur est arrachée (1500 indiens ont été assassinés depuis l'arrivée au pouvoir d'Uribe en 2002). C'est la marche de « la parole contre les fusils ». Une marche qu'ils revendiquent comme celle de tous, et pas seulement des indiens, pour le respect de la nature, pour la démocratie et la liberté. Impressionnants de dignité.

    <o:p>Au début le gouvernement d'Uribe a essayé d'empêcher cette marche, par la violence policière. 5 morts, de nombreux blessés. Un président qui les accusait d'être des terroristes et qui prétendait que la police n'avait pas d'armes à feu, même devant les corps transpercés de balles. Mais rien ne les a empêchés d'avancer. Et tout au long du chemin, ils sont été soutenus par la solidarité des associations, des étudiants, des syndicats et partis, des simples citoyens, l'un donnant de la nourriture, l'autre un hébergement, de l'essence pour les camions ou quelque chose pour les enfants.</o:p>

    Vous trouverez ci dessous articles et photos sur la Minga, et aussi album photo sur https://get.google.com/albumarchive/115298194964060726102/album/AF1QipM9Et8RLIPyhiRYjEkv0ZfF7NYzyJKAKmSr0m3b (Si le lien ne fonctionne pas il suffit de le copier-coller dans votre navigateur)


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  • Ils arrivent à Soacha le 20 novembre 2008. Dans cette ville populaire de la banlieue de Bogota, 11 jeunes ont été enlevés et tués par l'armée qui les a ensuite fait passer pour des terroristes. Leurs corps ont été retrouvés dans une région de combats, criblés de balles, des soi-disants guerilleros. Mais cette fois le scandale a été dévoilé et Uribe a dû chasser de l'armée une vingtaine de soldats et gradés qui avait participé à ce crime. En Colombie ces actes se multiplient. On les appelle des « falsos positivos » (des « faux positifs »). Les soldats qui tuent des guerilleros reçoivent des avantages, des primes, des jours de congés... alors quand on n'a pas de guerilleros sous la main, on en fabrique, on attire des jeunes en leur proposant du travail, et le tour est joué... L'horreur. Des jeunes à peine plus âgés que ceux ci qui m'accompagnent.


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  • A Soacha, une partie de la Minga continue à pied vers Bogota, quelques centaines restent pour assister à une réunion publique de la Commission des droits humains, pour entendre les témoignages de victimes. Le maire de Soacha, des parlementaires dont le député Président de la Commission des droits humains, qui a suivi la marche de la Minga depuis le début, et Gloria Ines Ramirez, sénatrice communiste du pôle démocratique. La Minga est représentée par Feliciano Valencia (sur la photo), conseiller majeur du CRIC (Conseil régional indigène du Cauca). Plusieurs heures de témoignages, certains insoutenables. Des « desplazados », familles de paysans  qui sont chassés par la guerre et les paramilitaires, et qui vont s'entasser dans les banlieues des villes après avoir tout perdu : leur maison, leurs terres, et pour beaucoup ont vu massacrer qui sa femme, qui son enfant, son frère, ses parents... Témoignage aussi des mères des 11 jeunes de Soacha, partis sur un espoir: « j'ai rendez vous pour un travail, je reviens tout à l'heure... »

    En suivant ce lien, vous trouverez une video de l'hymne de la garde indigène, suivie du discours (en espagnol) de Feliciano Valencia http://www.dailymotion.com/playlist/xqps9_cathgegout_colombie-soacha-feliciano-valenc


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  • Ensuite tout le monde repart pour rejoindre la marche à Bogota, en s'entassant dans les « chivas », les bus décorés du sud de la Colombie, qui ont accompagné la Minga, transportant les bagages, le ravitaillement, les enfants, les malades. Je réussis à me jucher sur le toit d'une chiva, au milieu des rires de tous ces jeunes ; une place de choix pour l'ambiance et la vue... un peu moins pour la fumée et la puanteur des pots d'échappement au ras du toit.


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